Histoire
Le projet « techniques de vernissage d’instruments de musique XVIe–XVIIIe s. » comme point de départ de réflexions sur les méthodologies de recherche
Publié le - Atelier « Concordance et discordance documentaires : des gestes, des textes et de la matière aux époques médiévale et moderne »
Nous avons passé de nombreux « temps de manip » ensemble entre 2006 et 2014, dans le cadre d’un projet portant sur l’étude des techniques de vernissage dans la fabrication des instruments de musique en Europe entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Les discussions qui nous occupaient concernaient le statut spécifique de ce que nous étudions, en l’occurrence les vernis de certains instruments anciens, dans le contexte de l’expérience. Rétrospectivement, cette période nous apparaît comme celle où nous avons parcouru un chemin en réinterrogeant des méthodologies du « travail de la recherche » qui pouvaient sembler acquises dans le domaine des objets du patrimoine : questions d’hétérogénéité au regard des développements des techniques d’imagerie, ou bien, d’analyse ponctuelle, de représentativité ; question d’interprétation croisée des sources historiques multiples, qu’elles soient matérielles – à travers l’étude de la matière, écrites – à travers la lecture et la traduction de recueils et traités anciens, ou orales – s’appuyant sur l’expérience de luthiers-vernisseurs contemporains, et leur rapport à la tradition. Cette expérience commune nous a conduit à questionner le rôle du lieu de l’expérience comme endroit favorisant la production d’une réflexion sur les méthodes, et celui de l’écriture comme mode de construction d’une interdisciplinarité pratique : le lent travail de coalescence d’une expression des idées et concepts, d’un propos qui fait consensus au sein d’une équipe interdisciplinaire : la mise en mots, en schémas et figures, et des aspects humains, enjeux individuels et collectifs, concordances et discordances.